[Chapelle de la Trinité]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0759 FIGRPTL0079 05
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 18 x 24 cm (épr.)
description Adresse de prise de vue : Chapelle de la Trinité, 29-31, rue de la Bourse, Lyon 2e.
historique Ne nous précipitons pas, rien n'est encore fait dans le sens d'une certitude de restauration de la chapelle du lycée Ampère. Les maux que va entreprendre l'architecte des bâtiments de France Jean Gabriel Mortamet, appuyé par un restaurateur, sont ceux d'une simple étude préalable. Première étape inévitable pour pratiquer une campagne de remise en état complète, voire de réaménagement. A cheval sur la fin de l'année 1987 et le printemps 1988 une série de sondages vont être pratiqués sur l'intérieur, avec une attention toute particulière pour les peintures murales. Les façades extérieures vont aussi être analysées. Souvenons-nous de la nécessité, il y a quelques années, de faire tomber les enduits qui la maquillaient pour éviter qu'ils ne s'écrasassent sur la tête de quelques élèves. Un soulagement toutefois, aucun travail de gros oeuvre n'est envisagé. L'édifice est hors d'eau et hors d'air, ce qui réduit sensiblement les coûts de cette première opération. Et surtout qu'elle ne soit pas repoussée aux scandaleuses et habituelles calendes grecques de la restauration lyonnaise. André Mure, adjoint à la culture, compare lui même le patrimoine lyonnais à "une vieille famille bourgeoise incapable d'assurer toutes ses propriétés. Nous nous y prenons quand il est certain que nous allons devoir débourser des sommes fantastiques." Pour mémoire, le ravalement des façades de l'Hôtel de ville revient à huit millions de francs par an. Pour la chapelle Ampère, Marc BotIan, conservateur régional des monuments historiques, estime cette première intervention à 2 ou 300.000 francs. Revenons en arrière pour surprendre la léthargie de ceux dont dépend cette restauration Signalons qu'elle appartient à la CoUrLy. C'est important, pendant des années beaucoup de personnes se sont interrogées de savoir qui en était l'irrespectueux propriétaire. Citons pour l'exemple le président de l'U.C.I. L., Paul Scherrer, ou M. Veyrenc, principal du lycée qui entoure la chapelle. Deux responsables que l'on ne peut pas accuser de rester sans passion pour les choses du patrimoine ! Pendant les années 60, plusieurs manifestations haut de gamme avaient lieu sous ses voûtes, comme le défilé de la collection Balmain. Signe fatidique et révélateur, celle de mycologie, ou quand les champignons envahissent les endroits sacrés, au point d'agacer André Mure en 1980 qui décide de conclure sur cette pourriture une utilisation quelque peu barbare de ce que l'on doit continuer à considérer comme une des marques originales de l'architecture lyonnaise. Bizarres les gens, surtout quand ils jouent de leur perceuse dans le marbre historique de quelques colonnes. Depuis, plus rien, et heureusement dirons-nous ! Le 2 septembre 1980, Jean Gabriel Mortamet présente une première note sur la chapelle. Le 5 janvier de l'année suivante, il rédige même un contrat de remise en état. Il ne sera jamais signé par la CoUrLy, il existe encore, quelque part dans les bureaux. En septembre 1986, M. Crammer, secrétaire général de la Ville, propose un rapprochement avec la CoUrLy. pour faire avancer le sujet. En substance il aligne une possibilité de partage des finances. La communauté s'occuperait des gros travaux et la Ville, avec l'aide de l'Etat, du réaménagement intérieur. On le voit, l'opération d'étude préalable n'est qu'un balbutiement. Il reste tout à faire pour la véritable métamorphose des lieux. Et nous n'en sommes pas là. En 1987, c'est un espace vide qui occupe le regard. L'autel est dans l'église de Saint-Chef en Isère, les orgues dans celle de Saint Antoine. Les locataires des lieus sont volatiles, des pigeons pour l'information, qui laissent sur les corniches les traces nauséeuses et acides de leur passage. Acteurs dérisoires d'un monument baroque à scénographie théâtrale. L'un des rares, avec l'église de Saint-Bruno, à imposer ce style dans l'agglomération lyonnaise. Construit en 1617 par un architecte jésuite, le père Martellange, il vit pourtant défiler des scènes beaucoup plus enthousiasmantes sous les fresques de ses plafonds encore intacts : les prêches de Saint-François-de-Sale ou encore, et surtout, la Consultation extraordinaire des notables de la République Cisalpine le 12 novembre 1801. C'est ainsi que le Premier Consul français Bonaparte est devenu président de cette république. L'heure n'est plus au couronnement, ni au recueillement, mais à l'imagination des responsables, des élus, pour inventer dans cette chapelle des animations à la hauteur du décor. Pas en trompe l'oeil comme les peintures supérieures qui vous laissent croire à quelques portes dérobées là ou il n'y a qu'un mur ! Non, quelque chose de grand, capable de motiver régulièrement un public de 400 ou 500 âmes. C'est la capacité de cet espace de dimension monumentale. Dans ce même lycée, la CoUrLy a été capable de restaurer une autre chapelle, celle des Messieurs, pour en faire un réfectoire. Alors, pourquoi ne pas transformer la Grande en salle de conférence pour les petits congrès ou de concerts hautes qualités, comme le suggèrent certains ! Pas si bête, surtout quand on sait qu'aujourd'hui il est essentiel de justifier une campagne de restauration en désignant les atouts culturelles ou (et) économiques d'un édifice réutilisé. Cette chapelle ne peut être condamnée en débarras pour les affaires poussiéreuses du lycée. C'est actuellement sa seule utilité ! Source : "La chapelle du lycée à l'étude" in Lyon Figaro, 10 février 1987, p.13.

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